Les Corps Impossibles : Un problème à trois corps
Entre un sculpteur sénégalais légendaire, un manga de combat brutal, et des maîtres bouddhistes japonais... Mon cerveau mélange tout. Et c'est de cette alchimie que naissent mes corps flottants.
Comme en physique, où trois corps en interaction créent un système chaotique et imprévisible, mes trois influences majeures génèrent une dynamique créative impossible à calculer.
I. La Puissance Spirituelle : Ousmane Sow
Un électrochoc. Les corps massifs, ancrés dans la terre, façonnés en résine et en mémoire. Sow ne faisait pas des sculptures — il donnait naissance à des présences.
Ce qui m'a marqué ? Sa capacité à rendre visible l'invisible. Ses guerriers, ses lutteurs, vibraient d'une force spirituelle, presque chamanique.
Première leçon : un corps dans l'art doit porter plus que sa propre chair.




II. La Tension Anatomique : Baki
Nous sommes en 2017, un collègue japonais me parle d'un manga underground : Baki. À l'époque, je ne connaissais que vaguement ce truc de niche dont j'avais vu passer quelques couvertures sur des sites de scan illégaux.
Je tombe par hasard sur un tome dans un second-hand shop à Akihabara. Choc immédiat : les corps sont déformés, monstrueux, vivants. Les muscles semblent respirer.
Mais ce n'est pas la violence qui m'a fasciné — c'est cette philosophie du corps comme machine de guerre intérieure. Chaque cicatrice est un mantra. Chaque posture est un cri silencieux.
J'y ai vu un miroir de mes propres figures : tendues, suspendues, entre puissance et vertige.





III. Le Sacré Sculptural : Unkei
Les gardiens Niō du temple Tōdai-ji, sculptés au XIIe siècle par Unkei, incarnent une tension divine. Ces statues bougent, vibrent, hurlent en silence. Elles refusent le corps "normal" pour incarner une colère sacrée.
Ce réalisme spirituel est une obsession dans mon travail actuel.






IV. La Synthèse : Quand les trois corps entrent en collision
Sow, Itagaki, Unkei : trois forces gravitationnelles qui tirent mon travail dans des directions différentes. Et c'est précisément cette tension qui crée l'orbite imprévisible de mes corps flottants.
Ils portent la mémoire ouest-africaine, l'expressivité du manga, et la spiritualité japonaise. Des corps qui ne ressemblent à rien de connu, mais qui portent la mémoire de tout ce qui m'habite.
Je travaille sur une nouvelle série où ces influences se croisent consciemment. Des muscles façon Baki, la noblesse guerrière de Sow, l'aura des temples japonais. Le résultat ? Un chaos contrôlé, une beauté impossible.
Et après ?
Je sens que le destin est en train de s'ouvrir. Beaucoup de gens ont réagi à mon dernier post. On a trouvé un lieu pour travailler. On monte une équipe.
Je sens que les mois à venir vont être ultra productifs
Prochaine newsletter : “Selon mon inspiration du moment ;)”
En flottant,
Ousmane
P.S. : Si vous connaissez d'autres artistes obsédés par les anatomies impossibles, écrivez-moi. Mon cerveau a toujours faim.